Les régulateurs européens ont conclu un accord sur les principales règles de concurrence qui, si elles sont mises en œuvre, pourraient forcer les plates-formes Big Tech du monde, notamment Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, à restructurer une partie importante de leurs opérations.
L’UE va dévoiler une législation historique pour lutter contre le pouvoir de marché des Big Tech
Les entreprises doivent obtenir le « consentement explicite » des consommateurs pour cibler les publicités en fonction de leurs informations personnelles. Les petits services devront communiquer avec des plates-formes de messagerie instantanée comme iMessage d’Apple et WhatsApp de Meta. De plus, ils doivent permettre aux clients de choisir leur propre navigateur, moteur de recherche et assistant vocal personnel.
Les négociations de l’Union européenne sur le Loi sur les marchés numériquesqui vise à remédier à ce que l’UE considère comme un manque de concurrence dans l’économie numérique, s’est conclue jeudi à Bruxelles.
Le Parlement européen prévoit de faire adopter le projet de loi avant l’été. Emmanuel Macron de France, qui achèvera bientôt son mandat de président de l’UE, est impatient de voir la législation approuvée.
Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, a déclaré le Twitter ce:
“Nous avons réalisé quelque chose sans précédent, une législation qui ouvre la voie à des marchés numériques ouverts, équitables et contestables, afin que chacun ait une chance équitable de réussir. Les gardiens devront désormais prendre leurs responsabilités.
Nous avons un accord sur #DMA! Dernier trilogue avec @Europarl_FR et @EUCouncil s’est terminé par un bon et fort accord.
Soyez à l’écoute de notre conférence de presse demain 8h45 ? pic.twitter.com/krHHsOqG8u– Margrethe Vestager (@vestager) 24 mars 2022
Comment Big Tech a perdu la bataille antitrust avec l’Europe ?
Un régime antitrust strict est mis en place dans l’UE. Les votes restants sont considérés comme de simples formalités. Il reste encore beaucoup à comprendre pour les entreprises Big Tech, qui ont fortement fait pression contre le DMA mais doivent trouver comment s’y conformer.
La DMA établit des normes pour les Big Tech, les classant comme des « gardiens ». L’organisation établit des règlements, des responsabilités et des amendes pour les entreprises qui enfreignent la loi.
Pour être couvertes par la DMA, les entreprises doivent fournir des « services de plate-forme de base » tels que les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les messagers et les médias sociaux. Ces entreprises doivent avoir une capitalisation boursière d’au moins 75 milliards d’euros (environ 82,6 milliards de dollars) et un volume de ventes annuel de 7,5 milliards d’euros. En outre, ils doivent avoir au moins 45 millions d’utilisateurs finaux mensuels dans l’UE et 10 000 clients professionnels annuels.
Les sanctions en cas de non-conformité peuvent atteindre 10 % des ventes mondiales et 20 % du chiffre d’affaires en cas d’infractions répétées. Pendant une durée déterminée, la Commission pourrait interdire aux entreprises « gardiennes » d’acquérir des entreprises.
L’UE a été beaucoup plus agressive que les États-Unis dans la réglementation des Big Tech, malgré les craintes des responsables américains que les propositions soient discriminatoires à l’égard des entreprises américaines.
Garrett Workman, directeur principal des affaires européennes à la Chambre de commerce des États-Unis, a déclaré Axios ce:
“C’est une réglementation qui cible les entreprises, plutôt que les pratiques commerciales anticoncurrentielles, ce qui, selon nous, est un très mauvais précédent à créer.”
Un porte-parole de Google a également commenté le problème :
« Bien que nous soutenions bon nombre des ambitions de la DMA concernant le choix des consommateurs et l’interopérabilité, nous restons préoccupés par le fait que certaines règles pourraient réduire l’innovation et le choix offert aux Européens. La société va maintenant prendre le temps d’étudier le texte final et de travailler avec les régulateurs pour le mettre en œuvre.
Pendant ce temps, les partisans de Big Tech soutiennent que l’invasion russe de l’Ukraine et l’utilisation de la technologie dans le conflit ont mis en évidence la nécessité d’une coopération internationale accrue en matière de politique technologique entre les États-Unis et l’Europe.
Carl Holshouser, vice-président senior de TechNet, a déclaré Axios:
“Si un conflit international aux conséquences massives sur la cybersécurité n’a pas pu réunir l’industrie et les leaders mondiaux, rien ne le fera.”
La Commission devra compléter et détailler comment elle envisage de mettre en œuvre la DMA, ainsi que le département gouvernemental qui serait chargé de cette tâche. La loi sur les services numériques, un vaste programme de réglementations concernant la manière dont les grandes plates-formes Internet doivent gérer les contenus en ligne illégaux, est toujours en cours de discussion par les régulateurs.